«Winners and losers»
Dans certains jeux, dits à somme nulle, ce que je gagne, tu le perds. Un concept élégant… tant qu’il reste sur un échiquier. Transposé à la géopolitique, ça donne: «Nous avons triomphé, général! Il ne reste rien, mais c’est à nous.» On appelle ça une ultra-solution. Ou la victoire finale des imbéciles. Heureusement, la théorie des jeux connaît d’autres équilibres, plus fragiles, mais plus humains. John Nash, Prix Nobel d’économie, les a modélisés: des jeux où l’on peut tous gagner, et même gagner plus. Ça demande de la finesse, de la patience et un peu de foi en l’autre. C’est rare. Moins héroïque que la guerre totale? Peut-être. Mais ça permet aux enfants de continuer l’école… et aux poissons de survivre.
Jésus a joué à ces jeux-là. À perte. Il n’a écrasé personne. Il a lavé les pieds de ses amis, tendu l’autre joue, partagé le pain jusqu’au bout. Et comme souvent dans ce monde, on l’a récompensé par une ultrasolution: la croix. Fin de la partie. Problème réglé. Malgré l’offense, Dieu n’a pas répliqué par la guerre. Dieu a «ressuscité». Restauré. Il a refusé ce jeu. Refusé qu’on gagne en détruisant. Refusé même de punir les perdants. Il a rouvert le jeu. Il a établi un Nouveau Testament.
Depuis, l’Evangile est un appel à changer de logique. À gagner ensemble pour une œuvre de beauté, de justice et de sens. Et si l’humanité croyait à ce jeu, peut-être cesserait-elle de confondre victoire et anéantissement?
Alors, chers stratèges modernes, à quoi jouez-vous? A «Qui sera le dernier sur Terre»? Le gagnant est pourtant connu: le cafard. A ce rythme, bientôt il portera benoîtement sur sa carapace l’avenir dumonde… sans nous.